Les six rôles d’un entraîneur

Pendant son travail avec les athlètes, un entraîneur assume toujours plusieurs rôles. Le duo Bencic/Hromkovic en est actuellement un bon exemple, couronné de succès. C’est en effet son conjoint et entraîneur de condition physique Martin Hromkovic qui a conduit la championne de tennis à l’or olympique en simple aux Jeux de Tokyo.

L’association quelque peu particulière de ces deux rôles n’est évidemment pas gage de réussite. Cependant, identifier leurs différents rôles peut aider les entraîneurs dans le sport de performance (et au-delà). En effet, lorsque j’exerce mon activité d’entraîneur de sport de performance, je peux porter six casquettes différentes:

En fonction de la situation, de l’objectif ou d’autres paramètres, je peux combiner plusieurs rôles de façon efficace. Dans une même séance d’entraînement, je peux passer du rôle d’entraîneur – en donnant aux athlètes les instructions pour un exercice – à celui de coach – en menant un bref entretien individuel pendant qu’un athlète s’exécute. Je peux par exemple poser une question sur l’exercice: «À quoi fais-tu attention quand tu fais cet exercice?»

Pour pouvoir assumer ces rôles efficacement en qualité d’entraîneur professionnel, il convient de tenir compte des facteurs suivants:

Pour expliquer les six différents rôles, nous utiliserons la symbolique des casquettes. En effet, un entraîneur porte toujours différentes casquettes dans l’exercice de son activité. Tout l’art de l’entraîneur consiste à savoir quand porter quelle casquette, voire à en porter plusieurs à la fois. Souvent, il est aussi utile d’écouter son ressenti et de faire confiance à son intuition.

Mes connaissances en sciences du sport et propres à ma discipline sportive, ainsi que mon expérience et mes compétences en méthodologie de l’entraînement me permettent d’entraîner les athlètes selon un processus ciblé. Les athlètes essaient d’atteindre les objectifs d’entraînement en s’engageant pleinement, en mettant en œuvre et en appliquant les conseils et en faisant des essais. Les besoins psychiques de base – autonomie, sentiment de compétence et d’appartenance – sont pris en considération grâce à une communication respectueuse. 

J’utilise mon expérience, mes compétences sociales et éventuellement mon réseau pour conseiller les athlètes en fonction de la situation et du bénéfice qu’ils peuvent en tirer. Je décide intuitivement quelles informations je dois fournir aux athlètes et dans quelle densité pour que cela soit le plus adéquat possible. L’athlète écoute, enregistre les informations, y réfléchit et essaie de mettre les conseils reçus en pratique. Un feed-back est alors la suite logique: mes conseils étaient-ils adaptés à l’objectif? Dans quelle mesure ont-ils été utiles? Mes athlètes ont-ils pu mettre en œuvre les astuces? Que suis-je parvenu à faire? Que devrais-je améliorer la prochaine fois

Dans le rôle de coach, je laisse les athlètes penser, réfléchir, évoluer et «travailler». J’utilise l’art de la question. Si je veux que l’athlète s’attelle à trouver la solution, je pose une question orientée vers la solution: «Tu sais ce qui a déjà fonctionné, comment peux-tu en faire plus?» Il est impératif de mettre à contribution les pensées, les expériences, les idées et les émotions des athlètes. Le développement et l’amélioration de la gestion personnelle doivent être prioritaires si l’on veut arriver à des actions autonomes efficaces. En tant que coach, j’essaie donc d’activer les ressources et les forces de mes athlètes et de les coacher en visant la solution.

Dans le rôle du coach de compétition, je mets mes compétences, mon expérience et mon intuition au service de l’athlète pour que ce dernier puisse exploiter son plein potentiel au moment voulu. Je suis conscient du soutien dont les athlètes ont besoin avant, pendant et après la compétition pour être en mesure de fournir la meilleure performance possible.

Avant la compétition, je discute avec l’athlète de toutes les étapes et des mesures concernant les facteurs déterminant la performance qu’il est possible d’influencer. Le but visé reste une gestion flexible des challenges et de la complexité de la compétition. Pour l’atteindre, je prévois des briefings, des pauses, des périodes d’inactivité, des débriefings à chaud et des débriefings sur le coaching favorisant la meilleure performance possible, ainsi que son évaluation.

Dans le rôle de leader axé sur les valeurs et sur l’objectif, j’agis avec enthousiasme (pathos), je convaincs par mon bon sens (logos) et je travaille avec un sens aigu de ma responsabilité (ethos). Je communique de manière ouverte, directe, constructive et adaptée au destinataire. Je m’entretiens régulièrement avec tous les participants, j’incite chacun à prendre ses responsabilités et veille à instaurer une atmosphère positive dans la collaboration avec les personnes dont je me charge.

Je fais en sorte de créer les conditions optimales pour le développement des performances des athlètes et pour le staff dans son ensemble. Je suis en mesure d’assumer mes tâches de conduite conformément aux principes d’une gestion efficace et responsable, en recourant aux instruments adéquats.

Les configurations personnelles, familiales et professionnelles font parfois qu’un entraîneur assume plusieurs rôles, à l’instar de Martin Hromkovic, le conjoint de Belinda Bencic. Voici une liste de quelques-uns des cas de figure possibles:

Les situations où un rôle particulier et le rôle d’entraîneur se cumulent représentent aussi bien une chance qu’un risque. La chance réside dans la proximité entre les personnes impliquées et la connaissance du caractère de l’autre. Le risque est de voir apparaître des remarques et des reproches si l’athlète est favorisé ou au contraire désavantagé.

Par conséquent, il est important de communiquer en toute transparence au sujet des rôles particuliers et il faut que toutes les parties concernées s’engagent pour que les choses soient claires. Vu de l’extérieur, le duo Martin Hromkovic/Belinda Bencic semble avoir parfaitement réussi à faire la part des choses entre le rôle d’entraîneur de condition physique et celui de conjoint.