Suppléments et superaliments dans le sport

De tout temps, les sportifs d’élite et leur entourage ont cherché, au travers d’une alimentation spécifique ou de suppléments autorisés, à obtenir de meilleurs résultats ou à influencer positivement la santé. Aux traditionnels suppléments se sont ajoutés ces derniers temps les superaliments, qui connaissent un véritable engouement.

Une étude récente (Mettler et al., 2022) révèle que les suppléments sont largement répandus (plus de 80%) dans le sport de performance en Suisse. Un phénomène qui va de pair avec un manque d’informations et des sources scientifiques peu fiables.  

À ce jour, aucune étude de ce genre n’existe encore sur les superaliments. Si leur consommation est aujourd’hui «en vogue» dans la société, elle l’est encore plus dans le milieu du sport. Un marketing actif doublé de promesses alléchantes quant aux bienfaits sur la santé et la performance dopent leur popularité.

L’apport de suppléments dans une alimentation sportive soulève plusieurs points importants:

Je vais donc vous expliquer ci-après comment mieux vous informer et comment dispenser des conseils avisés.

Les suppléments complètent l’alimentation de base et/ou sportive. Ils se présentent, en règle générale, sous forme concentrée et sont consommés à des fins nutritionnelles ou physiologiques.

Dans le domaine du sport, on fait la différence entre les suppléments pris dans un but purement nutritionnel (p. ex. boissons sportives, gels, barres, protéines) et ceux pris dans un but d’optimisation de la performance (p. ex. caféine, créatine, bicarbonate). Certains suppléments peuvent également être consommés dans un but thérapeutique (p. ex. vitamines, sels minéraux) en vue de combler des carences alimentaires.

Dans le sport de performance, les suppléments visent à optimiser la performance ou, du moins, à en éviter la baisse. La consommation peut varier en fonction de la personne et, selon la situation, avoir un sens au regard du sport pratiqué.

En dépit de toutes les vertus suggérées, il convient toutefois avant toute chose d’optimiser l’alimentation de base et sportive et de ne pas prendre les suppléments en dilettante. C’est là que les entraîneurs ont un rôle clé à jouer en faisant le lien entre les athlètes et les nutritionnistes.

L’offre étant considérable, il est d’autant plus important de procéder à une analyse fondée des bienfaits et des éventuels risques. La prise ciblée de suppléments peut être judicieuse si elle répond à des besoins individuels précis ou à une situation donnée, et qu’elle s’effectue sous la direction d’un ou d’une spécialiste. Une vue d’ensemble s’impose ici.

La Swiss Sports Nutrition Society classe, sur la base d’études scientifiques, les suppléments en quatre catégories, destinées à guider les consommateurs et à leur fournir, le cas échéant, une aide utile. La liste A est déterminante pour le sport.

Le terme «superaliments» parle de lui-même. Il suggère des aliments bons pour l’athlète, soit parce qu’ils sont sains, soit parce qu’ils permettent de réaliser d’excellentes performances. La consommation de ces aliments, auxquels on prête des super pouvoirs de toutes sortes, est devenue récemment monnaie courante dans le monde du sport. Cette évolution constitue aujourd’hui un véritable défi pour les entraîneurs.

Il n’existe pas de définition précise des superaliments ni aucune étude scientifique pertinente qui prouve leur efficacité. Il s’agit, en fait, d’un terme à la mode créé de toutes pièces qui regroupe des produits naturels particulièrement riches en nutriments ou susceptibles de contenir des substances bonnes pour la santé. En règle générale, ce sont les vitamines, les minéraux, les fibres ainsi que certains acides gras et antioxydants présents en quantités importantes qui font la différence. Les superaliments les plus populaires se trouvent avant tout parmi les fruits et légumes ainsi que dans différents produits d’origine animale, comme certains produits laitiers, poissons ou viandes.

Il peut s’avérer utile de compléter l’alimentation des athlètes par des produits considérés couramment comme des superaliments, à condition bien entendu que l’alimentation soit déjà équilibrée à la base, car les superaliments ne font pas des miracles.

En matière d’alimentation sportive se pose souvent la question de savoir à quel moment précis se fait sentir un besoin accru en nutriments et comment celui-ci peut être couvert. Nous savons toujours que cela est possible au travers des substances naturelles contenues dans les aliments. Nos ancêtres consommaient déjà des aliments ou des produits riches en ingrédients de qualité, dont font partie certaines baies ou graines et certains fruits à coques indigènes. Récemment, de nouveaux aliments exotiques, telles que les baies d’açai et les baies de goji, l’amarante, le quinoa, les graines de chia ou le curcuma sont devenues populaires. Et aujourd’hui, la betterave ainsi que la racine de maca ou la spiruline sont dans toutes les bouches.

En raison du peu de connaissances scientifiques dont nous disposons et de la forte propension à considérer certains aliments comme des superaliments, il est difficile, en tant qu’athlète ou entraîneur-e, de se faire une idée précise et utile de la situation. Il est donc recommandé de poser un regard critique sur certains points.

Vu que les superaliments ne constituent pas un groupe d’aliments clairement défini, il peut se révéler utile de consulter la base de données suisse de valeurs nutritives pour vérifier les ingrédients et la concentration. Toutefois, ces bases de données ne donnent aucune information sur l’origine et les substances toxiques. Dans le sport, il est impératif de se renseigner à ce sujet.

En raison notamment d’éventuels contrôles antidopage, il est très important d’examiner de façon critique tout complément alimentaire pour détecter d’éventuelles contaminations.