Pas de précipitation!

Cette démarche inclut des tests de performance spécifiques et des camps d’entraînement réguliers, focalisés sur le développement individuel des jeunes sportifs et sportives.

La fédération swiss unihockey s’est essayée à ce mode de sélection durant quatre ans en collaboration avec la Haute école fédérale de sport de Macolin HEFSM. Nous consacrons à ce projet un série de trois articles, celui-ci étant le premier.

Dans de nombreuses fédérations sportives, les sélections reposent sur les performances du moment, observées sur le terrain, ou sur des tests de performance qui ont l’inconvénient d’être peu fonctionnels et peu spécifiques. Ces modalités de sélection mettent une grande pression sur les sportifs et sportives car c’est la première impression, ou première appréciation, qui compte (Johnston & Baker, 2020). Aujourd’hui, une telle approche peut sembler inadaptée car les sélections ainsi opérées s’avèrent peu fiables à long terme.

Même en ce qui concerne les facteurs de performance physique déterminants, seul le jour du test est pris en compte alors qu’il serait important de tester ces facteurs différemment selon les sports et de le faire à intervalles réguliers.

Chez swiss unihockey aussi, jusqu’à une date récente, le développement et la détection dans la durée des futurs membres des équipes nationales n’étaient pas de mise. Les critères physiques de sélection reposaient essentiellement sur une analyse de l’état du moment, ce qui s’accompagnait de plusieurs problèmes:

Pour remédier à ces inconvénients, swiss unihockey a mis sur pied, avec l’aide de Swiss Olympic, un projet d’une durée de quatre ans en collaboration avec la Haute école fédérale de sport de Macolin HEFSM. Celui-ci a consisté à remplacer la procédure habituelle de sélection de la relève par une sélection dynamique incluant les éléments suivants:

Pour les clubs comme pour les fédérations, détecter les talents, sélectionner les espoirs et former les équipes de la relève nationale n’est pas chose facile. De nombreuses fédérations réalisent leurs sélections sur la base des résultats du moment et de tests de performance physique plutôt qu’en fonction du potentiel de développement des jeunes sportifs et sportives.

Différents facteurs influent sur la performance à un instant T, tels que la forme du jour, l’état du développement biologique, l’effet de l’âge relatif (EAR), la psyché, l’environnement, le stress ou la motivation (Fuchslocher et al., 2016). Nombreux sont les clubs et les fédérations qui tiennent trop peu compte de ces facteurs dans leurs procédures de sélection.

Ainsi, ce ne sont pas les talents ou talents potentiels qui sont retenus mais les sportifs et sportives qui ont fourni les meilleures performances un jour donné ou durant un match donné (Baker et al., 2017; Romann, 2020). Chez swiss unihockey, avant chaque test de performance, il est demandé aux joueurs et joueuses comment ils et elles se sentent sur une échelle de 1 à 6 (1= mal, 2= pas bien , 3= nerveux/nerveuse, 4= ok, 5= bien, 6= en grande forme). Leurs réponses permettent de nuancer les résultats des tests.

Les facteurs qui influent sur le développement des enfants et des jeunes sont très complexes et très variés, de sorte qu’avant et pendant la puberté, il n’est guère possible de prédire avec certitude qui pourra intégrer le cadre national un jour. Dès 2016, Swiss Olympic a reconnu l’importance d’encourager les talents sur le long terme et, se focalisant sur cette question, a mis au point l’outil de sélection PISTE (pronostic intégratif et systématique par l’estimation de l’entraîneur) ainsi que le manuel pour la détection et la sélection des talents (pdf).

L’idée directrice de la détection et de la sélection des talents est: «Ne pas sélectionner les meilleurs athlètes du moment, mais les plus aptes». Les processus de développement se déroulant très rarement de manière linéaire, le développement de la performance devrait être évalué de façon continue sur une période définie. Le graphique suivant résume le processus de sélection (Fuchslocher et al., 2016).

Dans le sport, les facteurs de performance physique jouent un rôle toujours plus important, d’une part pour améliorer la performance dans la spécialité sportive concernée et, d’autre part, pour prévenir les blessures. Il est donc essentiel d’accorder plus d’importance aux facteurs de performance physique, de les tester et de les évaluer de manière spécifique et régulière, puis d’en tenir compte dans les processus de sélection.

Les futurs cadres nationaux reçoivent régulièrement des feed-back sur leurs performances, ce qui leur permet de savoir où ils en sont dans leur développement et quel est leur potentiel d’amélioration. Ils restent ainsi très motivés et sont moins nombreux à décrocher.

En résumé, les fédérations et les clubs ont intérêt à miser sur une sélection dynamique dans une optique de long terme. Observer et former les sportifs et sportives de la relève sur une période prolongée: telle est la clé du succès. Les talents «perdus en cours de route» sont ainsi moins nombreux.

swiss unihockey donne le ton et montre ce qu’il est possible de faire à travers son projet «SUBS – swiss unihockey basic screening». La question de savoir comment et sur la base de quels facteurs les joueurs et joueuses de la relève sont formés et encouragés sur le long terme sera traitée dans notre prochain article à paraître au printemps 2024.