Direction le centre de préformation à Payerne
L’Association suisse de football (ASF) s’est graduellement dotée, depuis l’an 2000, de quatre centres de préformation à Payerne, Tenero, Emmen et Huttwil pour les filles. Un moyen de faire progresser des dizaines de talents à l’évident potentiel footballistique.
Payerne et ses quelque 8000 habitants: un petit paradis pour footballeurs ambitieux, qui conservent les pieds sur terre et où l’école a autant d’importance que la frappe du ballon! Du lundi au vendredi, ces «footeux» se voient offrir, l’espace de deux ans (huitième et neuvième années scolaires obligatoires), un moyen idéal de concilier sport et études, sans crainte d’échec scolaire plus important que dans un contexte classique.
Le recrutement des joueurs s’effectue en plusieurs phases. «D’abord, nous visionnons les matches des diverses sélections régionales des M14», entame Mario Comisetti, le concepteur de la structure. «Ensuite, on prend langue avec les divers responsables techniques des sélections et des clubs. On convoque 40 à 45 jeunes à deux séances d’observation en janvier-février. En mars et avril, la moitié d’entre eux se retrouvent pour deux nouvelles journées de test qui nous permettent, à fin avril, de sélectionner six à dix talents au bénéfice de la marge de progression la plus intéressante.»
Exploiter les phases clés
«Payerne, ce n’est pas une usine à champions, mais une étape de leur formation. Ce n’est aucunement une garantie d’entrée en équipe nationale», poursuit Mario Comisetti. «Avec ces centres de préformation, nous avons seulement l’ambition de travailler sur la seconde partie de l’âge d’or de la formation, soit de 14 à 16 ans.»
En coulisses, l’ASF étudie la possibilité de créer une structure, dite de formation, pour la tranche d’âge supérieure, à savoir les jeunes de 16 à 18 ans. Sur les différentes volées ayant transité par Payerne, 40% de ces footballeurs ont évolué ou évoluent dans nos différentes équipes nationales.
Programme minuté
Le rêve de ces jeunes? «La Super League pour les uns, la Ligue des champions pour les autres et bien sûr l’équipe nationale», affirment-ils. La semaine de ces «apprentis-footballeurs» se résume aisément. Du lundi matin au vendredi après-midi, ils logent dans leur famille d’accueil à Payerne ou dans les environs. Le week-end, ils retrouvent leur famille, mais aussi le monde de la compétition, avec leur club.
Les lundis, mardis et jeudis, place à l’école au collège secondaire de Payerne, de 7h40 à 11h15, puis aux heures d’appui obligatoires pour récupérer leur retard jusqu’à 11 h 55. S’ensuit un repas pris en commun. De13h35 à 15h10, retour à l’école, puis place au football avec une séance d’entraînement dès 15h30, d’une durée oscillant entre soixante et nonante minutes.
Couvre-feu à 20h
De 17h45 à 18h30, devoirs surveillés, souper partagé à 18h30, puis retour dans leur famille d’accueil. Couvre-feu fixé à 20h, question de respect! Idéal, ce planning permet de récupérer plus facilement, d’éviter de devoir étudier tard dans la soirée et de manger de manière plus équilibrée (repas avec de la viande, des féculents et surtout des légumes).Tout ce petit monde se couche ensuite aux alentours de 21h30-22h.
Les mercredis et vendredis, le programme varie légèrement. Si les cours débutent toujours à 7h40, les entraînements se déroulent dès 10h30, avant une pause repas et détente. Le mercredi de 13h35 à 17h30, les footballeurs suivent des cours d’appui avec quatre professeurs, puis ils retournent dans leur foyer de substitution. Le vendredi, retour à l’école (de 13h35 à 17h30),avant de mettre le cap sur la maison. Et la cerise sur le gâteau: collège, stage et lieu d’accueil pour les repas se trouvent tous dans un rayon de 400 mètres.
Entraîneurs, éducateurs et pères
Outre la structure scolaire secondaire vaudoise classique, ces jeunes bénéficient du travail de cinq personnes, deux entraîneurs à mi-temps, les intendants et une lingère. Un staff médical assure également un suivi.
«Nous sommes autant des entraîneurs, des éducateurs que des pères de substitution», précise José Ehrbar, un des deux entraîneurs. Et d’ajouter: «dans les clubs, ce sont les résultats et la notion de groupe qui priment. Ici, c’est la progression des joueurs. Notre rôle? Leur permettre d’acquérir, dans une dynamique positive, une expérience de vie, un mental de gagneur et un bagage technique pour leur futur.»
Un modèle qui fait des émules
Principalement destiné au travail avec les jeunes, le centre broyard permet également aux entraîneurs de parfaire leur formation et d’obtenir le diplôme de préformateur afin d’entraîner au sein des clubs ou sélections régionales des M14 et M15. «Pour aller même plus loin, nous avons informatisé quelque 250 de nos entraînements que nous mettons à disposition des clubs», conclut, enthousiaste, José Ehrbar. Cette préformation à la sauce helvétique suscite davantage qu’un intérêt poli, notamment depuis le titre de champion d’Europe des M17 décroché en 2002.
«La télévision sud-coréenne est même venue tourner un reportage chez nous», raconte José Ehrbar. Le temps des petits Suisses est définitivement révolu.